Guyane française: pénurie en perspective, le conflit social se durcit

Une montagne de conteneurs d’un côté, des rayons vides de l’autre: le blocage du port de Cayenne pourrait plonger dans la pénurie la Guyane, territoire français en Amérique du Sud secoué depuis quinze jours par un mouvement social inédit par son ampleur. Dimanche, le collectif regroupant les différents groupes protestataires guyanais a rejeté un plan d’urgence d’un milliard d’euros du gouvernement. Il exige 2,5 milliards d’euros de l’État dans tous les secteurs – sécurité, éducation, santé… – pour compenser l’absence depuis des décennies d’investissements publics dans ce département d’outre-mer.

A vingt jours du premier tour de l’élection présidentielle française, le 23 avril, le Premier ministre français Bernard Cazeneuve devait réunir lundi une dizaine de ministres dont deux reviennent de Guyane, Ericka Bareigts (Outre-mer) et Mathias Fekl (Intérieur).

Depuis le 21 mars, date du début du conflit, le Grand port de Guyane, posé sur les eaux maronnâtres du fleuve Mahury, est silencieux. La centaine de dockers qui s’y affaire quotidiennement est absente, les grues immobiles, le trafic nul. Alors que le port constitue “le lieux de passage pour 90 à 95% des importations et exportations” de la Guyane, son inactivité forcée a conduit 800 à 1.000 conteneurs à être débarqués dans des ports au Surinam et à Trinidad-et-Tobago, explique le directeur Philippe Lemoine.

Les conséquences sont lourdes. Dans les magasins, les produits frais ont presque disparu.

Barrages sur les routes, port bloqué et aucun moyen de substitution en vue: du fait du mouvement social, qui touche également l’aéroport de Cayenne, aucun fret aérien ne parvient sur ce territoire de 83.000 km², coincé entre Surinam et Brésil, qui n’est relié à aucun autre port par voie terrestre.

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03 avril 2017 - 15h15