Guyane française: le dialogue tourne court entre gouvernement et protestataires

Les discussions entamées jeudi entre les ministres français de l’Intérieur Matthias Fekl, et des Outre-mer Ericka Bareigts avec les leaders de la mobilisation en Guyane, qui exigent des moyens sur tous les fronts, ont tourné court au bout de quelques minutes. Dans ce territoire français d’Amérique du Sud, qui connaît un fort taux de chômage et une insécurité chronique, barrages, mouvements sociaux et, depuis lundi, grève générale se sont invités dans la campagne électorale, à un mois du premier tour de la présidentielle, le 23 avril.

La réunion organisée jeudi entre les deux ministres venus de métropole et la vingtaine de négociateurs issus de la société civile guyanaise a été interrompue après moins d’une demi-heure, alors que les médias n’avaient pas été conviés aux discussions. “Ca ne pouvait pas se passer comme ça pour des soucis de transparence”, a expliqué l’un des protestataires.

La rencontre avait démarré dans une ambiance électrique et sous une pluie battante, avec 1H30 de retard. Mardi, la Guyane, d’où la France lance ses fusées Ariane, a connu “la plus grosse manifestation de son histoire”, de l’aveu même de la préfecture, avec près de 15.000 marcheurs sur une population de 250.000 habitants. Et “le combat ne fait que commencer”, a prévenu mercredi soir Mickaël Mansé, un porte-parole des “500 frères contre la délinquance”, mouvement très actif depuis le début du conflit il y a dix jours, qui prévoit de participer aux négociations avec les deux ministres arrivés sur place mercredi soir. “Quel que soit le gouvernement” qui sortira des élections, “ils nous doivent les infrastructures que tous les autres départements français ont! “, a asséné M. Mansé devant des centaines de personnes réunies sur un rond-point de Cayenne, en évoquant également les besoins de la Guyane en termes de prison, de justice et de police.

Une partie de leurs requêtes ont déjà été validées par l’exécutif. Mercredi, le Premier ministre français Bernard Cazeneuve a acté la création d’un Tribunal de grande instance et d’un centre pénitentiaire à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville du territoire, ainsi que la suspension de la cession du centre médical de Kourou.

Les autorités ont également annoncé lundi le renfort de “25 policiers, 23 gendarmes”, ou “la fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne”.

Ericka Bareigts et la ministre de la Santé Marisol Touraine ont enfin validé mercredi une aide de fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d’euros à l’hôpital de Cayenne, en difficulté financière.

La signature d'”un pacte d’avenir ambitieux”, concrétisant les avancées, “pourrait intervenir dans les meilleurs délais”, avait estimé mardi soir le Premier ministre Bernard Cazeneuve, appelant “chacun” à “s’associer” aux discussions.