Glyphosate: l'industrie chimique US demande à la France de reconsidérer sa position

L’industrie chimique américaine a demandé jeudi à la France de reconsidérer son intention de s’opposer à l’utilisation dans l’Union européenne (UE) du glyphosate, l’herbicide controversé le plus répandu en Europe. “L’innocuité du glyphosate est avérée. Les organismes de réglementation du monde entier, et notamment européens comme l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA) et l’Agence Européenne de la Sécurité Alimentaire (EFSA), concluent que le glyphosate n’est pas cancérogène. Nous exhortons la France à reconsidérer sa décision et à prendre en considération les conclusions de ces organisations”, a déclaré Anne Kolton, vice-présidente en charge de la communication d’American Chemistry Council (ACC), consortium américain d’entreprises du secteur de la chimie.

Le ministère français de la Transition écologique (Environnement, Énergie) a annoncé mercredi que la France s’opposerait à la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du glyphosate, lors d’un vote qui doit avoir lieu le 4 octobre au sein d’un comité d’experts des pays européens. “La politique publique doit être basée sur des faits scientifiques avérés, et non sur des déclarations incendiaires”, poursuit l’ACC, pour lequel la position de la France “va à l’encontre des conclusions de nombreuses agences gouvernementales internationales qui attestent unanimement que le glyphosate peut être utilisé en toute sécurité”.

En juillet, la Commission a proposé le renouvellement de la licence du glyphosate qui expire fin 2017. Cette substance active entre notamment dans la composition du Roundup, le produit phare de Monsanto.

En 2016, faute de majorité qualifiée entre les 28, la Commission avait exceptionnellement prolongé l’autorisation pour 18 mois, jusqu’à fin 2017, dans l’attente de nouveaux avis d’agences européennes.

Depuis, l’agence européenne en charge des produits chimiques (ECHA) et celle de la sécurité des aliments (EFSA) ont estimé qu’il n’y avait pas de raison de classer cette substance comme cancérogène.

Leurs avis n’ont toutefois pas mis fin à la controverse scientifique sur la dangerosité de ce produit classé “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ, OMS), notamment pour les jardiniers et agriculteurs, ses principaux utilisateurs.

L’ACC a remis en cause jeudi les conclusions du Circ, faisant état de “lacunes significatives et avérées” dans ses travaux de classification “erronée” du glyphosate comme substance cancérogène.

L’annonce française mercredi a également déclenché une levée de boucliers de plusieurs organisations agricoles, qui jugent ce produit essentiel pour les cultures, mais aussi pour l’agroécologie.