GB: un journaliste du Sun blanchi à son tour d'accusations de corruption

Le dernier journaliste encore accusé dans une gigantesque enquête de corruption visant les médias britanniques a été blanchi à son tour jeudi en appel, mettant fin à un “fiasco judiciaire”. Pas moins de 29 reporters avaient été mis en examen entre 2011 et 2014 dans le cadre de l’opération Elveden, une des plus grandes enquêtes policières jamais lancées par Scotland Yard et qui portait sur l’argent qu’ont pu verser des journalistes en quête de scoops à des policiers ou autres fonctionnaires.
Payer pour avoir une info ou une interview est une pratique largement répandue dans les médias britanniques. Mais elle est interdite lorsque la source représente la fonction publique, selon une loi du XIIIe siècle dont beaucoup de journalistes accusés disaient ignorer l’existence.
Au moment du lancement de l’opération Elveden, la profession était en pleine tempête, secouée par un autre scandale, celui des écoutes téléphoniques du défunt tabloïd The News of the World.
Criant au harcèlement, la presse a dénoncé une “chasse aux sorcières” et pointé l’argent gaspillé par l’enquête, qui a coûté 15 millions de livres au contribuable et mobilisé jusqu’à 61 policiers.
D’autant que l’enquête a rapidement patiné et abouti à une série de non-lieux. Au printemps 2015, le parquet a fini par abandonner toutes les charges, se pliant à l’argument de la presse qui réclamait le droit, lorsque les informations sont d'”intérêt public”, de pouvoir payer pour les avoir, quitte à ce que ce soit un fonctionnaire.
Au final, un seul reporter a été condamné, après avoir plaidé coupable. Trois autres ont été reconnus coupables par un jury mais ont tous gagné leur procès en appel. Le journaliste du Sun, Anthony France, a été le dernier jeudi à être ainsi blanchi, mettant un point final à la procédure.
“Je suis heureux de la fin de cette erreur judiciaire et de pouvoir reconstruire ma vie après avoir vécu l’enfer pendant 1.379 jours”, a commenté M. France, qui avait été condamné à 18 mois de prison pour avoir entretenu une “relation corrompue” avec un policier entre 2008 et 2011.
“Des carrières et des vies ont été détruites (…) il faut que les journalistes soient mieux protégés dans leur mission d’informer le public”, s’est ému Bob Satchwell, de la Société britannique des rédacteurs, qui avait déjà déploré l’année dernière un “incroyable fiasco judiciaire”.

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27 octobre 2016 - 22h10