Festival du film de Busan: "La vie, les espoirs et les rêves" des domestiques étrangères dans un documentaire

Le dimanche est souvent leur seul jour de repos, et elles le passent à peaufiner leur démarche en vue d’un concours de beauté: un film projeté au Festival de Busan propose un autre regard, intimiste, sur le sort des domestiques étrangères de Hong Kong. Environ 300.000 “helpers”, pour la plupart originaires des Philippines et d’Indonésie, travaillent dans l’ex-colonie britannique, où leur rôle est capital pour l’économie du territoire. Leurs conditions de travail sont sans doute plus enviables que celles de certaines des millions d’autres domestiques employées ailleurs dans le monde, et notamment sur la péninsule arabique. A Hong Kong, les défenseurs des droits de l’Homme s’inquiètent cependant régulièrement de leurs conditions de vie, en raison d’affaires dramatiques d’abus, de violences et d’accidents.

La réalisatrice philippine Baby Ruth Villarama, elle, a délibérément pris le parti de proposer une autre vision, plus humaine, sur la vie des domestiques étrangères. “Tout ce que nous entendons et voyons à leur sujet est sensationnaliste ou négatif”, déplore-t-elle en marge du Festival international du film de Busan (Biff), en Corée du Sud, où “Sunday Beauty Queen” est en compétition dans la catégorie du meilleur documentaire. “Je souhaitais montrer leur vie quotidienne, leurs espoirs et leurs rêves, en espérant que le dialogue s’ouvre sur qui sont ces personnes, sur le rôle qu’elles jouent dans le monde aujourd’hui.”

“Sunday Beauty Queen” suit un groupe d’employées philippines dans leur préparation, lors de leur jour de repos hebdomadaire, pour un concours de beauté annuel. Impossible, le dimanche à Hong Kong, de ne pas remarquer ces rassemblements bruyants sur les espaces publics et au pied des immeubles de bureaux où, chaussées de talons hauts, ces Philippines répètent en cadence leur défilé, au son saturé de haut-parleurs criards. En dévoilant aussi leur vie de tous les jours, la réalisatrice offre une tribune à des femmes qui ont rarement la parole. Elles évoquent leur travail, mais aussi leurs inquiétudes et la difficulté à vivre loin de leurs familles restées au pays, leurs enfants qu’elles ne voient pas grandir. “Elles travaillent six jours sur sept et choisissent de passer leur unique jour de repos à préparer ce rendez-vous annuel. Je voulais comprendre pourquoi”, raconte Mme Villarama.

“Cet événement donne un sens à leur existence. Il relève de leur aspiration au bonheur en dépit des difficultés. Nous aspirons tous, dans nos vies, à un dénouement heureux.” L’Organisation internationale du travail (OIT) chiffre à 50 millions le nombre de domestiques étrangères employées dans le monde. Ce chiffre n’est qu’une estimation, car il est difficile d’obtenir un chiffre précis de tous les pays faisant appel à leurs services. Les “helpers” jouent en tout cas un rôle crucial pour l’économie des Philippines, puisqu’elles renvoient chaque année au pays environ 26 milliards de dollars (23 milliards d’euros), soit 10% du PIB de l’archipel.