Fashion Week de Londres : Jonathan Anderson, la "fantaisie" sinon rien

Imprimés cartoon ou futuristes, manteaux d’hermine noire mouchetée de rouge et stickers escargot : “parfois, il faut de la fantaisie dans la mode”, a expliqué dimanche le styliste britannique Jonathan Anderson en présentant sa nouvelle collection à Londres. Directeur artistique de la marque de maroquinerie espagnole Loewe (groupe LVMH), le créateur présentait la collection homme automne-hiver 2016 de sa propre griffe, J.W. Anderson.

Il y a foule devant le bâtiment militaire où doit se dérouler le défilé et le tout-Londres de la mode trépigne d’impatience : à 31 ans, Jonathan Anderson, double lauréat du British Fashion Award 2015 (collections homme et femme), est considéré comme l’un des stylistes les plus doués de sa génération. Et le “Wonder boy”, comme le surnomme la presse spécialisée, n’a pas fait mentir sa réputation en offrant une collection originale, inventive, éclectique et nourrie de pop culture.

Le styliste dépoussière le manteau d’hermine avec des modèles blancs ou noirs, sans manche et moucheté de rouge ou de bleu. Il y a des pantalons de laine, des vestes asymétriques à imprimés cartoon, des blouses à poches zippées aux formes rebondies, des colliers métalliques et ras du cou. L’idée, a expliqué Anderson à la presse, “c’est de raconter une histoire urbaine”, celle d’un monde où les mutations induites par les progrès technologiques et internet ont raccourci les distances et démultiplié l’accès à l’information.

“Nous vivons nos vies en passant d’une chose à l’autre”, a-t-il dit. “On peut se retrouver dans une discothèque, puis dans un jardin japonais, puis dans un banque (…) Tout va très vite, et la mode doit suivre”. Les hommes d’Anderson aiment la “fantaisie”, le rêve, et portent des costumes de soie aubergine, larges et confortables, rehaussés d’improbables stickers verts en forme d’escargot. Pour rester au chaud pendant l’hiver, le styliste propose des gilets de laine en maille lâche, qui glissent jusqu’aux genoux.

Le Women’s Wear Daily (WWD), bible des professionnels de la mode, a apprécié, estimant qu’Anderson s’était “une nouvelle fois hissé au-dessus de la mêlée”.
Signe de l’attachement du créateur aux nouveaux modes de communication, le défilé a été retransmis en streaming sur Grindr, le site de rencontres gay. “C’est une grande chance d’avoir pu travailler avec Grindr”, a dit Anderson, jugeant “incroyable d’avoir accès à sept millions de personnes simultanément”.

Le label Alexander McQueen (groupe Kering) s’est de son côté installé au ministère des Affaires étrangères, à Durbar Court, vaste et majestueuse salle au sol de marbre. Le défilé démarre sur du Chopin, rapidement couplé à de la musique électro, et invite au voyage, avec des vestes ajustées et pantalons noirs parés d’imprimés papillon raffinés que l’on retrouve également sur des manteaux de feutre.

La directrice artistique Sarah Burton, ancien bras droit du fondateur de la maison mort en 2010, joue avec les matières, gabardine de coton, flanelle, sergé de cavalerie, propose un manteau constellé de motifs floraux inspirés par la peinture. Le défilé puise également dans le répertoire animalier (dessins de serpents) ou militaire, sans jamais se départir d’une certaine idée de la tradition vestimentaire britannique dont la styliste explore et réinvente les pièces maîtresses. Cette collection, explique la marque, incarne “l’obsession d’une élégance” éternelle.

Les défilés qui ont débuté vendredi, se poursuivent jusqu’à lundi. La Fashion Week homme posera ensuite ses valises à Milan, avant Paris et New York. Depuis 2009, la mode masculine a vu ses ventes bondir de 22% au Royaume-Uni, pour atteindre 13,5 milliards de livres (18 milliards d’euros) en 2014, selon le cabinet Mintel.