Espagne: les "Indignés" marchent dans les rues de Madrid pour leur cinquième anniversaire

Plusieurs milliers de personnes ont défilé dimanche dans les rues de Madrid à l’occasion du cinquième anniversaire des “Indignés”, mouvement né à Madrid pour dénoncer une classe politique coupée des réalités du pays, la corruption et l’austérité. Issus de plusieurs plateformes ayant nourri le mouvement des “Indignés”, notamment la PAH (anti-expulsions) et des assemblées de quartier, ils ont défilé au son des tambours, entre des banderoles proclamant: “Indignés, unis ou vaincus”, “Chômeurs en marche” ou “Union européenne des peuples, pas des nations”.
A Madrid, l’anniversaire de ce mouvement a également été célébré par des rassemblements sur la place de la Puerta del Sol, dans le centre de la capitale, qui avait été occupée pendant des semaines par les “Indignés”. Ce mouvement inspire “Nuit Debout” en France.
“Il y a cinq ans, nous sommes venus ici et ça a été un moment très émouvant de réveil, d’union, de collectif”, a témoigné Paola Weil, institutrice par intérim de 35 ans.
Le “15-M”, pour “15 mai”, premier jour d’une mobilisation qui allait devenir le mouvement des “Indignés”, “est un mouvement de ceux d’en bas”, se félicitait aussi Lorenzo Higueras, documentaliste de 52 ans. Avant, “nous n’avions pas conscience de ce que nous étions: capables de penser et d’agir”, dit-il.
Ce fut “le réveil de citoyens qui souffraient depuis des années en privé — comme s’il s’agissait de douleurs ou de responsabilités individuelles, des effets d’une crise dévastatrice” — a aussi écrit dans le journal El Pais Rita Maestre, porte-parole de la mairie de Madrid, dirigée depuis 2015 par une plateforme citoyenne en partie composée d’indignés.
“Le mouvement a essaimé”, s’est aussi réjoui Alicia Ortells, infirmière et militante du parti “indigné” Podemos rencontrée à la Puerta del Sol, “née en 1959, l’année de la révolution cubaine ! “. “Nous étions des zombies, apathiques. Cela a été un spectacle qui a permis aux gens de se poser des questions”.
A partir de 2008, plus de deux millions d’Espagnols ont perdu leur emploi emportés par la crise économique, alors que le gouvernement socialiste, puis les conservateurs mettaient en oeuvre des politiques d’austérité. Lors des législatives de décembre, les électeurs les ont durement sanctionnés, faisant émerger deux nouveaux partis: Podemos, troisième force politique, et Ciudadanos, de centre libéral.

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15 mai 2016 - 20h00