Donovan : "peace and love" un jour, "peace and love" toujours

Donovan, légende “peace and love” de la musique folk des années 60, en concert samedi à Paris, a encore quelques idées pour faire triompher la paix dans le monde. Avec quelques ukuleles et beaucoup de méditation. “Là, on est train d’aider un type formidable qui réunit des enfants israéliens et palestiniens et les fait jouer du ukulelele ensemble pour la paix”, explique à l’AFP le chanteur, cheveux longs et regard rieur, croisé lors d’un récent passage dans la capitale française.
“Imagine si on réussissait à les faire méditer ensemble. C’est notre arme secrète pour la paix, on le fait déjà avec des enfants catholiques et protestants à Belfast”, ajoute l’Ecossais désormais installé en Irlande, Donovan Philip Leitch de son nom complet.
Les 60’s sont aujourd’hui bien loin mais les aspirations utopiques pour un monde meilleur ont résisté chez ce chanteur légendaire de la scène folk, auteur de hits comme “Mellow Yellow”, “Sunshine Superman” ou “Catch the Wind”.
A 70 ans, Donovan est de nouveau sur les routes, avec une étape ce samedi à l’Olympia, à Paris, dans le cadre d’une tournée européenne marquant ses 50 ans de carrière. L’occasion de le voir, prévient-il, assis en tailleur sur des peaux de mouton avec sa guitare, comme aux plus belles heures du “flower power”…
“Après les concerts, les gens disent souvent +Mais comment peut-il rester deux heures comme ça à 70 ans?”, s’en amuse Donovan, qui a souffert de polio dans son enfance.
Son “secret”, assure-t-il, c’est la méditation transcendantale et d’autres techniques apprises en Inde sous la férule du Maharishi Mahesh Yogi. C’est Donovan qui avait présenté ce gourou (mort en 2008) aux Beatles. Et comme les survivants du “Fab Four”, il reste un adepte.
Durant le fameux voyage des Beatles en Inde en 1968, John Lennon avait notamment composé “Dear Prudence” pour la jeune soeur de l’actrice Mia Farrow, présente avec eux.
Et Donovan avait initié John Lennon et Paul McCartney à des techniques de jeu à la guitare, le “picking” et le “clawhammer”, qu’on pourra retrouver sur quelques chansons des stars de Liverpool.
Outre les Beatles – il aidera McCartney à terminer les paroles de “Yellow Submarine” -, Donovan côtoie alors toutes les stars des 60’s : il a écrit certaines des pancartes exhibées par Bob Dylan dans son célèbre clip “Subterranean Homesick Blues” et revendique la participation de trois futurs Led Zeppelin (Jimmy Page, John Bonham et John Paul Jones) à son titre psychédélique “Hurdy Gurdy Man” enregistré en 1968.
Ami de Joan Baez, il fut parfois considéré comme un rival de Bob Dylan. “Un non sens, il n’y avait aucune rivalité entre nous”, répond toutefois Donovan.
Alors que tous sont devenus des grandes stars, l’étoile de Donovan a en revanche pâli avec les années 1970, marquée par une évolution plus mystique prise en grippe par la génération punk.
Même si certains groupes ou artistes ont continué à se référer à son travail (Belle and Sebastian, Saint Etienne, King Crimson), les critiques ne l’ont pas laissé indifférent. “Ils ont dit que j’étais un vieil hippie… Je plaide coupable!”, sourit-il quand même en levant les mains en signe de reddition.
“Je ne voulais pas être une popstar ni une folkstar. J’étais un poète et je le suis encore”.
“Les gens continuent de me demander : +Tu pensais que la paix et l’amour allaient sauver le monde, mais c’est un échec, non?+ Mais ce que je réponds, c’est que les 1960’s ne prétendaient pas apporter la réponse mais poser la question. Et elle reste d’actualité, en particulier quand on regarde comment on traite la planète”.
Une réponse qu’il continue de chercher en méditant : “Toutes les difficultés dans le monde extérieur commencent dans le monde intérieur, c’est là qu’il faut démarrer”.