Des milliers de Russes dans la rue pour commémorer l'assassinat de l'opposant Nemtsov

Plusieurs milliers de Moscovites défilaient samedi dans les rues de la capitale russe pour commémorer le premier anniversaire de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, dont le ou les commanditaires n’ont toujours pas été retrouvés. Encadrés par des centaines d’OMON, policiers anti-émeutes, les manifestants scandaient des slogans contre le président russe Vladimir Poutine et brandissaient le portrait de Boris Nemtsov, abattu de quatre balles dans le dos au pied du Kremlin le 27 février 2015.

Selon l’antenne moscovite du ministère russe de l’Intérieur, les manifestants étaient environ 7.500. Les journalistes de l’AFP sur place en comptaient plus de 20.000. Ils étaient plus de 4.000 à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, selon une correspondante de l’AFP sur place.

“Son meurtre n’a jamais été élucidé”, a rappelé à l’AFP une manifestante moscovite, agitant une pancarte sur laquelle était inscrit “Poutine Kaput”, tandis que derrière elle, une dizaine de jeunes portaient en silence des drapeaux russes, dans une atmosphère de recueillement.

Quelques semaines après l’assassinat de Boris Nemtsov, qui avait provoqué une onde de choc et de consternation à travers le monde, cinq suspects – tous Tchétchènes – avaient été arrêtés par la justice russe mais ils ont jusqu’à présent refusé de reconnaître leur culpabilité, affirmant avoir avoué sous la torture.

Pour les proches de l’opposant et ancien vice-Premier ministre, le ou les commanditaires de son meurtre sont des proches du président tchétchène Ramzan Kadyrov, voire du Kremlin.

“A bas le pouvoir du FSB”, le service de renseignement russe, criaient les manifestants alors qu’ils traversaient les rues les plus huppées de la capitale. “Kadyrov, tu es la honte de la Russie!”, continuaient-ils, tandis que des hélicoptères vrombissaient dans le ciel.

Parmi les slogans, certains dénonçaient également la crise économique que subit la Russie depuis presque deux ans.

“La situation économique est de pire en pire. Et le soutien aux autorités s’effondre. Tout cela va finir en une guerre civile, comme il y a cent ans”, s’inquiétait Evgueni Michtchenko, 41 ans.

“L’année dernière, tout a changé. Si cela continue, il y aura une révolution à l’automne”, prédit une autre manifestante. “Et cela me fait peur”, ajoute-t-elle.

Non loin d’elle, une femme portait, serré contre elle, un immense bouquet de fleurs. “Je suis venue pour me souvenir d’un homme que j’admirais, qui défendait une Russie que j’aimais”, a-t-elle confié à l’AFP. “Les gens qui sont ici me font espérer que mon pays peut redevenir ce qu’il était”.