Des milliers de Roumains dans la rue contre le gouvernement

Des milliers de Roumains sont à nouveau descendus dans la rue dimanche pour réclamer la démission du gouvernement social-démocrate, visé par une fronde inédite depuis sa tentative fin janvier d’assouplir les lois anticorruption. A Bucarest, environ 2.000 manifestants réunis sous une pluie battante devant le siège du gouvernement ont scandé “Voleurs” et “Démission”, a constaté l’AFP.
“Le gouvernement actuel a perdu toute sa crédibilité. Le Parti social-démocrate a gagné les élections, nous ne le contestons pas, mais il doit trouver des gens honnêtes pour diriger le pays”, a déclaré l’un des manifestants, Gheorghe, aviateur à la retraite.
“Il est important de rester vigilants, de dire aux gouvernants que nous les surveillons et ne tolérons plus la corruption”, a lancé Madalina, une bibliothécaire âgée de 45 ans.
Environ 3.000 personnes ont également manifesté à Cluj (nord-ouest), brandissant des drapeaux roumains et de l’Union européenne, selon les médias.
L’adoption le 31 janvier d’un décret dépénalisant certains faits de corruption a suscité des manifestations quotidiennes d’une ampleur sans précédent depuis la chute du régime communiste en 1989. Un pic a été enregistré le 5 février, lorsqu’un demi-million de personnes ont protesté dans une cinquantaine de villes à travers la pays.
Face à cette mobilisation, le gouvernement de Sorin Grindeanu a abrogé ce texte, mais le Parlement, où les sociaux-démocrates ont une large majorité, doit encore entériner ce retrait.
Le gouvernement avait également envisagé d’adopter par décret d’urgence un deuxième projet controversé, visant à gracier environ 2.500 détenus purgeant des peines de jusqu’à cinq ans de prison. Ce texte a finalement été envoyé au Parlement, qui devrait l’examiner dans les semaines à venir.
Lors d’une visite à Bruxelles jeudi et vendredi, M. Grindeanu s’est engagé auprès des responsables de la Commission européenne à ne pas modifier la législation anticorruption sans une large consultation de la société civile roumaine et des experts de l’UE.