Des migrants somaliens passent au Canada en provenance des Etats-Unis

Vingt-deux migrants, fuyant les Etats-Unis en pleine tempête de neige et des températures polaires, ont franchi la frontière avec le Canada au cours du week-end pour y demander l’asile, a annoncé mardi la police. Ces demandeurs d’asile, pour la plupart d’origine somalienne, ont franchi à pied la frontière canado-américaine près du village d’Emerson, à 120 km au sud de Winnipeg (Manitoba, centre), après plusieurs heures de marche dans la neige.
Leur périple vers le Canada survient dans la foulée du décret signé le 27 janvier par le président américain Donald Trump interdisant temporairement l’entrée aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) et de tous les réfugiés.
La Justice américaine a suspendu temporairement vendredi ce décret et la Maison Blanche a fait appel de cette décision. Ce recours doit être examiné mardi à San Francisco à 15H00 (21H00 GMT).
Une fois au Canada, les migrants ont été recueillis par la police fédérale et hébergés quelques heures dans la salle municipale d’Emerson avant d’engager des démarches pour obtenir l’asile.
“Ils nous appellent habituellement lorsqu’ils sont perdus ou qu’ils ont froid”, a dit à l’AFP un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au poste-frontière d’Emerson, Paul Manaigre. “Un ou deux migrants ont perdu des doigts à la suite d’engelures en décembre”, a-t-il ajouté.
Les arrivées de migrants, pour la plupart en situation irrégulière aux Etats-Unis, sont en nette augmentation au Manitoba, selon des responsables municipaux d’Emerson cités par la chaîne CBC.
Ceux arrivés pendant le week-end –19 samedi et 3 dimanche– ont marché cinq heures avant de franchir la frontière, bravant une tempête de neige et des températures de -20 degrés.
En vertu d’un accord canado-américain, les demandeurs d’asile en provenance des Etats-Unis sont généralement refoulés aux postes-frontières du Canada. Mais ça ne s’applique pas à ceux franchissant illégalement la frontière en d’autres points.
Des défenseurs des réfugiés ont demandé, en vain, au gouvernement canadien de dénoncer cet accord pour faciliter l’entrée des demandeurs d’asile fuyant les Etats-Unis.
“Nous sympathisons avec ceux qui cherchent à se réfugier dans notre pays”, a déclaré le ministre canadien de l’Immigration Ahmed Hussen, lui-même d’origine somalienne.
Les demandeurs d’asile, selon le ministre, seront entendus par le tribunal administratif de l’Immigration et leur dossier “sera évalué au mérite”.