Dernière ligne droite avant le Montreux Jazz Festival, 50e du nom

A quelques jours du coup d’envoi du festival de jazz de Montreux en Suisse, qui se tient du 1er au 16 juillet, Mathieu Jaton, le directeur du festival, est dans les starting-block. Parmi ses coups de coeur: la soirée du 10 juillet où artistes brésiliens et africains feront vibrer le Stravinski. “Cet immense plateau d’artistes, c’est juste génial!”, se réjouit le directeur du festival, interrogé par l’Agence télégraphique suisse (ATS). Dans le désordre et de manière non exhaustive, l’auditorium accueillera ce soir-là João Bosco, Vanessa da Mata, Ana Carolina, Asa ou encore Angélique Kidjo. Pour Mathieu Jaton, c’est un joli clin d’oeil à Claude Nobs, fondateur de la manifestation décédé en 2013. “Historiquement, c’est lui qui amené la musique brésilienne ici. Et ce n’était pas toujours apprécié. Cette soirée, c’est donc aussi une belle manière de célébrer cette audace”.

Autre coup de coeur du quadra, le concert de Woodkid. Le Français, qui a notamment réalisé l’affiche officielle du festival en 2014, revient cette année sur la Riviera avec des artistes invités et monte un spectacle “one shot”. “Il ne tourne pas en ce moment, c’est donc un concert unique, un travail titanesque. C’est très touchant”. Côté bémol, le directeur évoque la soirée du 3 juillet au Stravinski qu’il qualifiait de “soirée par excellence” pour les amoureux du jazz. Après avoir annoncé à la présentation de la programmation le trio John Scofield, Brad Mehldau et Mark Guiliana suivi de John McLaughlin, les organisateurs ont pu ajouter peu après le célèbre pianiste Herbie Hancock. Mais elle ne rencontre pas le succès escompté.

Pour Mathieu Jaton, l’annonce ultérieure de la venue d’Hancock n’a pas aidé. “Je suis presque persuadé que si l’on avait pu communiquer sa présence dès le départ, ce serait différent”. Et d’expliquer que c’est souvent plus compliqué quand des artistes sont annoncés après coup. Malgré cela, quand on parle billetterie, le directeur a plutôt le sourire. “Les billets sont partis de manière plus uniforme cette année, on est très content”. Au Stravinski, six soirées affichent complet. “On tend gentiment vers 8 à 10 soirées sold out”. Neil Young, Marcus Miller et Santana ainsi que Muse font ainsi carton plein. Au Club, salle de 350 places assises, quatre soirées sont complètes dont celle avec Al Jarreau. Quant au Lab, salle davantage dédiée aux découvertes, elle compte pour l’heure deux soirées sold out. Pour les concerts qui affichent complet, un nombre de billets limité est mis en vente le jour même.

Montreux a vu passer plusieurs célébrités sur ses scènes et ses quais. Deux d’entre elles ont disparu ces derniers mois: Prince et David Bowie. Le festival leur rendra-t-il hommage? “Oui. A notre manière”, répond laconiquement Mathieu Jaton. Puis il détaille. Enfin, un tout petit peu. “Pendant le festival, on leur rendra hommage par plein de petites touches. Ce ne sera pas une grande fête avec des feux d’artifice mais ils seront présents”. Le 3 juillet, à Vevey, des étudiants de la Haute Ecole de Musique de Lausanne (HEMU) consacreront ainsi une soirée à David Bowie.

Pour cette édition anniversaire, qui compte une soirée supplémentaire le 30 juin, le budget du festival est de 28 millions de francs suisses, soit dans la même fourchette que l’an dernier (+1 million). “On est dans un esprit de continuité. On veut s’appuyer sur le patrimoine pour regarder vers le futur. Construire l’avenir”, explique le directeur. A la tête de la manifestation depuis 2013, Mathieu Jaton reconnaît que cela lui “manque parfois un peu d’être un spectateur qui vient et fait des découvertes”, mais cela n’affecte en rien son envie de continuer à son poste. “Je fais un métier de rêve alors oui je me vois l’exercer encore un moment. A fond!”