Cuba envisage la légalisation d'entreprises privées

Les autorités cubaines pourraient légaliser les petites et moyennes entreprises privées, indique une liste de propositions que vient de publier le gouvernement cubain, engagé depuis quelques années dans une timide ouverture à l’économie de marché. Dans ce “projet de conceptualisation du modèle économique”, fruit des débats du 7e congrès du Parti communiste de Cuba (PCC), les autorités évoquent l’autorisation éventuelle “des moyennes, petites, et micro entreprises privées”, sans toutefois fournir ni détails concrets ni délai.
“La propriété privée de biens de production contribue à l’emploi, à l’efficacité de l’économie et au bien-être”, indique le document, précisant toutefois que ces entités interviendraient “en complément” des entreprises d’Etat “dans un contexte où priment les relations de propriété socialistes”.
La proposition ne figure pas dans le “Plan de développement économique et social”, feuille de route des autorités d’ici 2030, mais sa mise en oeuvre constituerait un pas sans précédent dans l’ouverture progressive de Cuba à l’économie de marché lancée à partir de 2008 par Raul Castro pour réformer un modèle centralisé à bout de souffle.
Avant d’être adoptée, la proposition devra franchir plusieurs étapes: débats au sein du parti unique, transformation en texte de loi, puis validation éventuelle par le parlement cubain qui se réunit deux fois par an.
Le secteur privé demeure embryonnaire à Cuba malgré son extension prévue dans le cadre de “l’actualisation” économique. Depuis quelques années, les autorités ont légalisé le petit entrepreneuriat privé, avec des acteurs ayant le droit d’employer (hôtels particuliers, restaurants) mais qui n’ont pas le statut d’entreprises.
Ces “cuentapropistas” (travailleurs indépendants) sont environ 500.000, contre encore cinq millions de fonctionnaires pour 11,1 millions d’habitants.
Contrairement aux entreprises d’Etat, ces privés ne peuvent importer des marchandises de l’étranger et, en l’absence de marché de gros, sont contraints de s’approvisionner dans les magasins d’Etat ou au marché noir.
Dans le cadre du rapprochement historique lancé fin 2014 entre Cuba et les Etats-Unis, Washington a affiché son intention de soutenir le secteur privé sur l’île, mais se heurte pour l’instant à la résistance des autorités communistes.
Lors du dernier congrès du PCC, Raul Castro avait prévenu que l’émergence du secteur privé se ferait à un rythme modéré et de manière contrôlée, en dépit des attentes nourries notamment par le dégel cubano-américain.
Il avait aussi constaté que certains “cuentapropistas” fonctionnaient comme des entreprises privées “sans la personnalité juridique adéquate” et selon des règles édictées à l’origine pour des commerces familiaux.