Crise des migrants – Le désert nigérien, "un cimetière à ciel ouvert" pour les migrants africains

Le désert du Ténéré nigérien est “un véritable cimetière à ciel ouvert” pour les migrants africains sur la route de l’Europe via la Libye, ont alerté lundi une trentaine d’élus de la région d’Agadez (nord). “Le Ténéré nigérien est en train de devenir un véritable cimetière à ciel ouvert pour les bras valides d’Afrique de l’Ouest et du centre, attirés par le mirage européen”, ont expliqué dans un communiqué 37 élus du conseil régional d’Agadez.
Porte du Sahara, Agadez, plus grande ville du nord nigérien, représente une plaque tournante du trafic d’êtres humains voulant gagner l’Europe.
Depuis le début de l’année, “des centaines de migrants ouest-Africains ont été retrouvés morts ou sont portés disparus ou sauvés in extremis dans le Sahara nigérien”, selon le texte.
Ce drame résulte notamment du fait que les migrants empruntent des routes plus dangereuses.
Pour éviter les contrôles, “les passeurs contournent” désormais les pistes habituelles menant en Libye où se trouvent les “points d’approvisionnement en eau”, relèvent les élus.
Les élus d’Agadez “exhortent” la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao, 15 Etats) “à mettre en place des mécanismes consensuels” qui “empêcheraient” ces migrants “d’arriver jusqu’à Agadez” et à “continuer leur périple périlleux”.
Pour lutter contre les trafiquants, Niamey a voté en 2015 une loi très sévère pénalisant leurs crimes, qui les rend passibles de peines allant jusqu’à 30 ans de prison. L’armée effectue des patrouilles pour intercepter des convois transportant des clandestins.
Entre mai et juin, 52 migrants, dont des bébés, avaient été retrouvés morts en plein désert proche de la Libye. 51 migrants portés disparus il y a deux semaines, après avoir été abandonnés en plein désert, sont probablement morts, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
“Ce désert est plein de corps des migrants”, avait regretté en juin, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum, lors d’une tournée de sensibilisation dans le Nord sur la migration irrégulière.