Crise au Venezuela – Le sort de la procureure rebelle connu d'ici cinq jours

La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, chaviste entrée en rébellion contre le président Nicolas Maduro, connaîtra son sort d’ici cinq jours, la Cour suprême devant décider si elle ouvre un procès qui peut mener à sa destitution. “Nous prenons un délai de cinq jours pour prendre notre décision et la publier”, a déclaré mardi le président de la Cour suprême (TSJ), Maikel Moreno, à l’issue de l’audience à laquelle la procureure a refusé de comparaître, estimant que l’issue était déjà courue d’avance. Le TSJ veut “annuler la dernière institution capable de défendre les personnes et les manifestants”, a-t-elle affirmé devant la presse avant l’audience, alors que le Venezuela est secoué depuis trois mois par une vague de manifestations contre le chef de l’Etat qui ont fait 90 morts.
“C’est pour cette raison que je n’y suis pas allée, je ne vais pas valider un cirque qui teindra notre histoire de honte et de douleur et dont la décision est connue d’avance”, a-t-elle dit, car “nous savons déjà que dès aujourd’hui sera lancée l’opération pour me destituer”.
Durant l’audience, Maikel Moreno a estimé que “la responsabilité de Luisa Ortega” était “d’ordre éthique et moral”. “Elle a vendu son âme au diable (…) elle a fixé un prix, elle est devenue traîtresse comme Judas (…) qui avait été acheté pour 30 pièces d’argent”, a clamé le député Pedro Carreño, du parti socialiste au pouvoir, à l’origine de la procédure. Il l’accuse d’avoir commis des “fautes graves” et exige que soit évaluée sa santé mentale, car “il est clair que cette dame n’a pas toute sa tête”.
En toile de fond, c’est son discours étonnamment critique envers le président vénézuélien, pour une personnalité faisant partie de son camp, qui irrite le pouvoir, car il risque d’approfondir les fractures entre les chavistes.
Si la Cour suprême la reconnaît coupable, Mme Ortega pourrait être destituée, une décision qui requiert le feu vert du Parlement. Ce dernier semble hautement improbable: les députés de l’opposition ont ovationné Mme Ortega dans l’hémicycle lundi. Mais depuis un an et demi, le TSJ annule systématiquement toutes les décisions du Parlement. Il ne devrait donc pas tenir compte de son avis.