Conservateurs et libéraux espagnols négocieront dès vendredi pour former un gouvernement

Le chef de l’exécutif Mariano Rajoy a annoncé jeudi l’ouverture dès vendredi de négociations avec le parti libéral pour obtenir son appui à un gouvernement minoritaire qui sortirait l’Espagne d’une impasse politique de huit mois, après avoir accepté les mesures anticorruption posées comme conditions. “Demain (vendredi) nous allons lancer les négociations pour que Ciudadanos apporte son soutien” au Parti populaire, a dit M. Rajoy, au pouvoir depuis 2011 et qui veut être reconduit à la tête du gouvernement. Après deux élections législatives et huit mois de blocage politique, le dirigeant conservateur a évoqué “un pas décisif” vers la formation d’un gouvernement minoritaire. M. Rajoy s’est par ailleurs engagé à annoncer le jour même la date du vote de confiance des députés, qui doivent l’investir comme chef de gouvernement.

L’éventuel appui des libéraux est indispensable – mais pas suffisant – pour permettre à M. Rajoy de rester au pouvoir. Il a aussi besoin de l’abstention du Parti socialiste (PSOE) pour remporter le vote de confiance à la majorité simple des députés. Mais le PSOE, second parti avec 85 sièges, la lui refuse. M. Rajoy a catégoriquement refusé d’évoquer devant la presse les mesures du pacte anticorruption qu’il s’est finalement engagé à signer dès vendredi matin, selon Albert Rivera, le dirigeant du petit parti libéral Ciudadanos, qui en avait fait un préalable à toute négociation. Visiblement embarrassé, M. Rajoy a abrégé son point-presse pour ne pas avoir à évoquer les multiples scandales de corruption qui ont contribué à lui faire perdre sa majorité parlementaire.

Outre une réforme électorale, les libéraux exigeaient une batterie de mesures anticorruption, telle la formation d’une commission d’enquête parlementaire sur le financement présumé illégal du PP. Un thème d’autant plus embarrassant que M. Rajoy a lui même été éclaboussé par le scandale de la comptabilité occulte du PP qu’il préside, quand l’ancien trésorier du parti l’a accusé, devant le juge d’instruction, d’avoir personnellement bénéficié d’argent issu de “la caisse noire”.