Chine: peines de prison pour neuf habitants d'une ville rebelle

Neuf habitants de la petite ville rebelle de Wukan, dans le sud de la Chine, ont écopé de peines de deux à dix ans de prison après une manifestation de soutien au maire, un des rares démocratiquement élus en Chine, et depuis jeté en prison.

Les neuf condamnés ont été reconnus coupables entre autre de participation à un rassemblement illégal, de trouble aux transports et aux services publics et de dissémination de fausses informations, selon un communiqué publié lundi sur le site du tribunal populaire de Haifeng, dans la province du Guangdong.
“Les événements étaient si graves que les industries et les commerces ne pouvaient plus fonctionner et que de lourdes pertes ont été constatées”, selon ce communiqué.
Plusieurs des neuf condamnés font partie des 13 personnes qui avaient été appréhendées en septembre à Wukan pour trouble à l’ordre public. Ces arrestations avaient entraîné une manifestation qui avait dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre. Ces dernières avaient répondu à des jets de pierre par des tirs de balles en caoutchouc et de grenades lacrymogènes, selon des images diffusées à l’époque sur les réseaux sociaux.
Des journalistes étrangers avaient été empêchés d’approcher de la petite ville de 13.000 habitants et cinq reporters originaires de Hong Kong avaient été interpellés.
Wukan était devenu célèbre fin 2011 lorsque ses habitants s’étaient soulevés pour chasser les caciques locaux du Parti communiste chinois (PCC), qu’ils accusaient de s’enrichir à leurs dépens en vendant des terres agricoles. Après la mort en détention d’un manifestant, les habitants en colère étaient même parvenus à chasser les forces de l’ordre et à se barricader dans la ville pendant une semaine entière.
Pour rétablir l’ordre, le PCC avait accepté contre toute attente l’organisation d’un vote entièrement libre pour le choix du nouveau comité communal. Lin Zulian, l’un des leaders de la contestation, avait alors été élu maire.