Chili: 43 ans après, le père de la présidente Bachelet n'est plus "traître à la patrie"

Plus de quarante ans après les faits, la Cour suprême du Chili a annulé la condamnation pour “haute trahison” du père de la présidente socialiste Michelle Bachelet pour s’être opposé au coup d’Etat de 1973 du général Augusto Pinochet, a-t-on appris mardi. Le général Alberto Bachelet, qui occupait un haut poste au ministère de la Défense du gouvernement de Salvador Allende (renversé le 11 septembre 1973 par le général Pinochet), avait été emprisonné et traduit en conseil de guerre pour haute trahison. Il est mort des tortures infligées par ses pairs dans les geôles de la dictature en mars 1974, à l’âge de 51 ans.

Lundi, par une décision unanime, la Cour suprême a annulé la condamnation pour “haute trahison” du général Bachelet et de 80 autres membres de l’armée de l’air chilienne, les déclarant “innocents”.

Les conseils de guerre, mis en place après le coup d’Etat de 1973, n’ont pas respecté “les droits des prisonniers”, ni “les préceptes établis par les conventions internationales sur la guerre”, selon la décision de la plus haute juridiction chilienne.

La semaine dernière, cette même cour avait confirmé une peine de quatre ans de prison à l’encontre de deux militaires à la retraite, auteurs des tortures auxquelles Alberto Bachelet a succombé. “Cette décision restaure l’honneur et la dignité de personnes qui durant plus de 40 ans ont été considérés comme des traîtres à la patrie”, s’est félicité Branislav Maralic, directeur de l’Institut national des droits de l’homme.

La présidente Michelle Bachelet (de 2006 à 2010 et depuis 2014), 65 ans, fut elle-même détenue et torturée avec sa mère en 1975, avant de partir en exil. Elle a toujours été d’une grande discrétion publique sur son histoire familiale.

La dictature du général Pinochet a fait plus de 3.000 morts et disparus, et 38.000 personnes ont été torturées, selon des organisations de défense des droits de l’homme.

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04 octobre 2016 - 20h40