Chefs de file cherchent rapport de force pour la gauche francophone

Trois chefs de file de la gauche francophone, le ministre-président wallon Paul Magnette (PS), le député européen Philippe Lamberts (Ecolo) et le député Raoul Hedebouw (PTB) ont tenté mardi soir de dégager des convergences dans un monde marqué par une hégémonie culturelle à droite. D’accord pour faire émerger un nouveau “pacte social”, avec l’appui des forces vives, ils divergent cependant sur les modalités et le calendrier. Pour Raoul Hedebouw, il faudra une quinzaine d’années pour voir émerger un rapport de forces permettant de prendre des responsabilités. L’objectif est de dégager des politiques de gauche débarrassées du dogme de l’austérité européenne. Pour Paul Magnette et Philippe Lamberts en revanche, c’est aujourd’hui qu’il faut prendre des responsabilités, c’est au Conseil européen notamment qu’il faut se battre pour faire bouger les lignes. Socialistes et écologistes divergent cependant sur le modèle, les premiers, prônant un modèle salarial harmonisé géré par les partenaires sociaux là où les Verts invitent à repenser la question du travail.
Tous s’accordent à dire que la gauche doit viser une rupture avec le capitalisme – Philippe Lamberts invite cependant à ne pas le confondre capitalisme et marché – et invitent à taxer les fortunes, réduire le temps de travail et l’individualisation des droits sociaux.
“Faisons des majorités rouge-rouge-vert, là où c’est possible”, a résumé Philippe Lamberts selon qui les socialistes restent parfois trop attachés aux lobby patronaux européens ou aux partis de droite. “Il faut reposer la question de la contrainte, oser dire non, pour l’Europe et pour la gauche”, a dit Paul Magnette appelant à se rassembler sur trois ou quatre idées que la droite ne pourra contourner.
Pour Raoul Hedebouw, il faut une mobilisation des travailleurs à travers un nouveau front populaire. “Et si dans les semaines à venir, il devait y avoir une remise en cause idéologique du cadre de l’austérité, on ouvre les débats”, a-t-il dit.
Pas loin de “devenir le premier des eurosceptiques socialistes”, Paul Magnette s’est également dit de plus en plus séduit par l’idée de “transition” prônée par les écologistes. Plus en tout cas que par François Hollande qui a amené tant de déception.
Les trois chefs de file ont débattu à l’Ihecs à l’occasion d’une soirée organisée par la revue Politique qui vient de sortir un numéro sur l’état de la gauche européenne.