Centenaire de la Première Guerre mondiale – La famille royale, Cameron et Hollande commémorent vendredi la bataille de la Somme

La famille royale britannique, le Premier ministre britannique David Cameron et le président français François Hollande commémorent vendredi à Thiepval (nord) le centenaire de la bataille de la Somme, l’une des plus meurtrières du XXe siècle, avec 1,2 million de morts, blessés et disparus en cinq mois. Une semaine après le Brexit qui éloigne Londres de ses alliés européens, la présence du président français, non prévue initialement, vise à montrer que “le Royaume-Uni reste un pays ami avec lequel la France veut conserver un lien”, fait-on valoir à Paris. Côté britannique, sont annoncés outre David Cameron le prince de Galles, Charles, ses fils, les princes William et Harry, et sa belle-fille Kate, duchesse de Cambridge. La reine d’Angleterre Elizabeth II, 90 ans, ne sera en revanche pas présente.

Le 1er juillet 1916, des dizaines de milliers de soldats britanniques et français avaient lancé “l’offensive de la Somme” vers les lignes allemandes pour mettre fin à une interminable guerre de tranchées. Au même moment, plus à l’Est, se poursuivait la bataille de Verdun. L’artillerie est entrée en action dès le 24 juin. Près d’1,5 million d’obus sont tirés en une semaine sur les lignes allemandes. Une semaine après, le 1er juillet, l’avancée des soldats – les Ecossais sont en kilt – s’effectue en lignes sans courir, les défenses allemandes étant présumées détruites.

En face, les Allemands sont médusés. “Ils avançaient vers nous d’un pas lent et régulier, comme s’ils s’attendaient à nous trouver tous morts au fond des tranchées”, relate un soldat allemand, cité dans “Le premier jour de la bataille de la Somme” (Arte Editions). Car le plan du commandant en chef des armées britanniques Sir Douglas Haig et du maréchal français Joseph Joffre n’a pas eu l’effet escompté: ils ont sous-estimé la solidité des défenses allemandes, organisées en un système sophistiqués de tranchées, de blockhaus bétonnés sur des positions avantageuses. De plus, l’équivalent d’un tiers des obus lancés n’a pas éclaté et les Allemands s’étaient terrés dans des abris de 12 m de profondeur.

Même si les estimations varient, les pertes britanniques dans l’heure qui suivit le lancement de l’offensive sont évaluées à près de 3.000 par minute, soit 50 par seconde. Les soldats allemands avaient attendu le dernier moment pour actionner les mitrailleuses et transformer le “no man’s land” en charnier. L’échec est cuisant, pratiquement aucun soldat n’arrive à atteindre les barbelés allemands. Le 1er juillet 1916 reste comme le jour le plus sanglant de l’histoire britannique avec 20.000 morts ou disparus – la plupart lors de la première heure – et 40.000 blessés. Une hécatombe telle que, pour les Britanniques, la Somme est gravée dans la mémoire collective, comme l’est Verdun chez les Français.

La bataille de la Somme dure encore cinq mois, juqu’au 18 novembre, avec une succession d’attaques souvent contrées par les Allemands et la première apparition de chars de combat, chez les Alliés. Pour un gain de quelques dizaines de kilomètres du côté des Alliés. “Au bout de cinq mois, les états-majors alliés n’étaient pas arrivés aux objectifs de la première journée”, rappelle l’historien Jean-Michel Steg, auteur de “Ces Anglais morts pour la France” (Editions Fayard). “Ceci dit, la bataille de la Somme a pas mal saigné l’armée allemande. Jusqu’à la Somme les Allemands pensaient qu’ils allaient gagner. Certes, les Anglais n’ont pas percé, mais l’armée allemande s’est retrouvée dans une situation beaucoup plus dure”, ajoute-t-il.

Quatre millions d’hommes ont été successivement impliqués dans la bataille, venus du monde entier (Canada, Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Inde…). Les pertes totales de la bataille sont estimées à 1.200.000 hommes (tués, blessés, disparus), dont 500.000 dans le camp britannique, autant dans le camp allemand et 200.000 Français. Ce qui en a fait l’affrontement le plus meurtrier de la Grande Guerre.