Casey Affleck sort enfin de l'ombre de son frère avec "Manchester by the sea"

Avec “Manchester by the Sea”, pour lequel il a reçu l’Oscar du meilleur acteur dimanche dans le rôle poignant d’un homme brisé par son passé, l’américain Casey Affleck sort enfin de l’ombre de son frère Ben Affleck. Dans ce drame de Kenneth Lonergan, Il interprète avec subtilité, tour à tour drôle et bouleversant, un homme taciturne forcé de s’occuper du fils de son frère soudainement décédé. Une performance universellement acclamée qui l’avait placé en orbite pour les Oscars dès la première du film au festival de Sundance il y a plus d’un an, et lui a déjà valu un Golden Globe.

Le rôle du vile Robert Ford dans “L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford”, où il donnait la réplique à Brad Pitt, lui avait permis de décrocher une première nomination aux Oscars en 2008. En recevant sa statuette, l’acteur de 41 ans a rendu hommage au réalisateur et scénariste du film “Manchester by the Sea”, Kenneth Lonergan. Il a aussi salué son ami Matt Damon, co-producteur du film grâce à qui le projet a pu aller à son terme et qui devait initialement tenir le rôle de Lee Chandler, finalement confié à Casey Affleck.

Les financiers ont d’abord tiqué car l’acteur est nettement moins sûr au box-office que Damon, le pari s’est avéré payant: pour un budget de 8,5 millions de dollars, “Manchester by the sea” a déjà rapporté 61 millions de dollars. Couronné par l’académie des Oscars, Casey Affleck a notamment éclipsé Ryan Gosling, qui chante et danse dans la comédie musicale “La La Land”, et Denzel Washington, qui était donné favori pour son rôle de père aigri dans “Fences”.

– Plus de 20 ans de carrière –
C’est d’ailleurs un des films majeurs de la carrière de Washington, “Glory”, que Casey Affleck cite comme ayant inspiré sa carrière au cinéma. Dimanche, il a dit son admiration pour l’acteur noir deux fois oscarisé, “l’un des premiers qui (lui ait appris) à jouer”. Né à Falmouth dans le Massachusetts à l’est des Etats-Unis d’un père assistant social qui s’est longtemps débattu avec l’alcoolisme et d’une mère institutrice, aujourd’hui divorcés, il a passé une enfance fusionnelle avec son frère Ben. Ils ont grandi dans une communauté très artistique du Massachusetts, et sa première apparition à l’écran date de 1988 face à Kevin Bacon dans “Lemon Sky”.

C’est “To die for”, de Gus Van Sant, où il incarnait une petite frappe recrutée par une Nicole Kidman prête à tout, qui l’a révélé au grand public mondial (1995). Il y partageait aussi l’affiche avec Joaquin Phoenix, qui lui présenta sa soeur Summer, également actrice: elle a partagé sa vie pendant 15 ans et ils ont eu deux enfants.

L’un des acteurs fétiches de Gus Van Sant, Affleck a aussi retrouvé le cinéaste culte dans “Will Hunting”, qui a propulsé son frère et Matt Damon vers la gloire en 1997, puis dans le contemplatif “Gerry” en 2002 – dont il est aussi co-scénariste, monteur et producteur.

Sa filmographie, à peine interrompue le temps d’études à Columbia, ne cesse de croiser les membres de son clan rapproché: il met en scène Joaquin Phoenix dans son premier opus de réalisateur, “I’m still here: the lost year of Joaquin Phoenix”, un faux documentaire sur une prétendue carrière de rappeur de son beau-frère. Il joue dans le premier film mis en scène par son frère, “Gone baby gone” (2007), et fait partie du casting en or de la saga à succès “Ocean’s Eleven”, “Twelve” et 13 aux côtés de Matt Damon.

L’an dernier, outre “Manchester by the sea”, il était au générique du polar survolté “Triple 9” et d’un énorme flop de Disney, “The Finest Hours”.
Ombre sur sa carrière qui a refait surface au cours de la saison des prix hollywoodiens: il a été accusé en 2010 de harcèlement sexuel par deux femmes lors du tournage d'”I’m Still Here”, des allégations qu’il a toujours niées en bloc. L’affaire a finalement été réglée à l’amiable.
Fort de son Oscar, il s’attèle à présent à la réalisation de “Light of my life”, dont il a écrit le scénario.