Canada: la police a orchestré des accusations de terrorisme, selon la justice

La Cour suprême de Colombie-Britannique a estimé vendredi que la police avait manipulé et piégé un couple de Canadiens, déclarés coupables en 2015 d’activités terroristes, et a ordonné leur remise en liberté immédiate. Dans un jugement inédit, la haute juridiction de la province de l’ouest canadien a vivement blâmé la police fédérale qui a instrumentalisé deux marginaux pour les présenter comme des djihadistes.
John Nuttall, 41 ans, et son épouse Amanda Korody, 33 ans, avaient été accusés l’an dernier d’avoir préparé des engins explosifs avec l’objectif de faire le maximum de victimes lors des célébrations de la fête nationale canadienne en 2013.
En 2013, la GRC (Gendarmerie royale du Canada), alertée par les services de renseignement, avait placé sous surveillance M. Nuttall, soupçonné de vouloir acheter du nitrate de potassium. Ce dernier, un marginal et ancien toxicomane, a ensuite été contacté par des agents infiltrés.
Pendant cinq mois, l’opération policière a “monté 28 scénarios allant d’un simple appel téléphonique à des rencontres complexes sur plusieurs jours”, a rappelé la Cour suprême.
Cette opération s’est terminée au matin du 1er juillet 2013 avec la pose de trois autocuiseurs avec des détonateurs désactivés devant le Parlement provincial, et l’arrestation du couple.
“La police n’a pas le droit d’ouvrir une enquête (…) à moins d’avoir une suspicion raisonnable”, a rappelé la Cour suprême.0
Dans un communiqué, le Service des poursuites pénales du Canada, représentant du parquet fédéral, a indiqué avoir immédiatement fait appel de cet arrêt.
La GRC a pris acte de cette décision en rappelant sa mission de “détecter, perturber et prévenir les menaces contre la sécurité nationale”.