Brésil: l'ex-président du Congrès, fer de lance de la chute de Rousseff, destitué

Eduardo Cunha, qui dirigeait le Congrès des députés brésiliens , à l’origine de la procédure de destitution controversée de l’ex-présidente Dilma Rousseff, a été destitué par ses collègues parlementaires lundi pour avoir nié l’existence de comptes bancaires lui appartenant à l’étranger. “Je déclare la perte du mandat du député Eduardo Cunha pour conduite incompatible avec le mandat parlementaire”, a annoncé l’assemblée dans un jugement rendu dans l’enceinte après le vote.
Celui-ci est sans appel: 450 votes en faveur de la destitution, 10 contre et 9 absentions.
Ce député évangélique ultra-conservateur de 58 ans est accusé d’avoir “menti” à ses pairs en niant avoir été titulaire de comptes bancaires secrets à l’étranger, devant une commission d’enquête parlementaire sur le scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras.
L’enquête judiciaire a par la suite permis de découvrir qu’il était titulaire d’au moins un compte bancaire secret en Suisse sur lequel avaient transité environ cinq millions de dollars d’origine suspecte.
Ce Machiavel brésilien aux cheveux poivre et sel et aux costumes italiens impeccables avait déclenché en décembre 2015 la procédure de destitution contre Dilma Rousseff, en représailles au vote des députés du Parti des travailleurs (PT, gauche) pour son propre renvoi devant la Commission d’éthique du parlement.
Ce personnage central de la crise politique brésilienne, ennemi juré de l’ex-dirigeante de gauche, avait été suspendu le 5 mai de ses fonctions de président de l’Assemblée par le Tribunal suprême fédéral (STF).
M. Cunha a usé pendant 11 mois d’incessants subterfuges pour freiner la procédure qui pourrait lui faire perdre son mandat.