Brésil: règlement de la dette qui a motivé la procédure de destitution contre Rousseff

Le gouvernement brésilien a annoncé mercredi le paiement de 72,4 milliards de réais (17 milliards d’euros) aux banques publiques afin d’annuler la dette qui a entraîné l’ouverture d’une procédure de destitution à l’encontre de la présidente de gauche Dilma Rouseff. Ce paiement effectué en 2015 augmente le déficit budgétaire du pays qui pourrait atteindre 2% du PIB, selon le gouvernement, mais il affaiblit l’accusation qui pèse contre la présidente.
“Le Trésor national a effectué le paiement de toutes les dettes”, a déclaré Otavio Ladeira, secrétaire par intérim du Trésor, lors d’une conférence de presse.
Mme Rousseff est accusée d’avoir financé le Trésor par le biais des banques d’Etat et d’avoir autorisé des dépenses sans l’autorisation préalable du Parlement, deux pratiques interdites par la loi.
Cela a conduit un groupe de juristes, soutenus par l’opposition de droite, à demander l’ouverture d’une procédure de destitution contre la chef de l’Etat qu’ils accusent d’avoir maquillé les comptes publics.
Selon les chiffres du Trésor, le déficit primaire du Brésil s’élève à 107 milliards de réais, quelque 25,2 milliards d’euros au taux de change actuel.
Le Parlement avait autorisé récemment cette annulation des dettes pour clôturer une année qui avait commencé par une prévision optimiste d’un excédent budgétaire de 1,2% du PIB et se termine par un déficit qui pourrait atteindre 2% du PIB, soit quelque 28 milliards d’euros.
Les retards dans le paiement de ces dettes ont entraîné, après audit, le rejet des comptes du gouvernement de 2014, du jamais vu depuis 1936. Cela a été le principal argument pour réclamer l’ouverture d’une procédure d’impeachment contre Mme Rousseff, qui doit encore être analysée par une commission avant d’arriver en séance plénière à la Chambre des députés.
Les problèmes budgétaires du Brésil ont conduit les agences de notations Standard & Poor’s et Fitch Ratings à le rabaisser en catégorie spéculative.
Le Brésil, première économie d’Amérique latine et 7e du monde, lutte depuis près de cinq ans contre un ralentissement économique qui a tourné à la crise en 2015, amplifiée par les scandales politiques.