Bahreïn: Washington dénonce la déchéance de nationalité d'un chef spirituel chiite

Les Etats-Unis ont exprimé lundi leur mécontentement après la décision de leur allié bahreïni de déchoir de sa nationalité le cheikh Issa Qassem, plus haut dignitaire chiite de ce petit royaume du Golfe et critique du pouvoir sunnite. Le ministère de l’Intérieur a accusé le cheikh de servir “des intérêts étrangers”, alors que Bahreïn accuse l’Iran chiite, qui dément, de s’ingérer dans ses affaires et d’entretenir la violence dans le pays. La décision a entraîné des protestations dans le village du cheikh Issa Qassem.
“Nous sommes préoccupés par la décision du gouvernement bahreïni de déchoir de sa nationalité le renommé cheikh chiite Issa Qassem”, a déclaré John Kirby, le porte-parole du département d’Etat.
“Nous demeurons profondément troublés par cette pratique du gouvernement bahreïni qui consiste à arbitrairement déchoir de leur nationalité ses citoyens”, a-t-il poursuivi évoquant le risque de rendre des dissidents apatrides.
Il s’est également dit troublé “par diverses informations indiquant que cheikh Qassem n’a pas pu répondre aux accusations portées contre lui”.
Siège de la Ve Flotte américaine, Bahreïn est le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression d’un mouvement de contestation lancé en février 2011 dans la foulée du Printemps arabe, et animé par la majorité chiite qui réclame une véritable monarchie constitutionnelle dans le pays dirigé par une dynastie sunnite.
John Kirby a rappelé que la diplomatie américaine prônait “la réforme et la réconciliation” pour résoudre les différends politiques à Bahreïn.
Ces déclarations interviennent au moment où le département d’Etat est lui-même sous pression dans l’attente d’un rapport interne dont la publication a été plusieurs fois retardée et qui doit justement évaluer les progrès réalisés ou non à Bahreïn.
John Kirby a regretté ce retard et affirmé que le département d’Etat “approchait la phase finale” avant la publication du rapport.