Australie: l'ONU fustige le racisme envers les aborigènes

Le niveau de racisme en Australie à l’égard des aborigènes est “profondément troublant”, a dénoncé lundi une émissaire de l’ONU qui exhorte le gouvernement de Canberra à en faire davantage pour ses peuples autochtones. La rapporteure spéciale de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz, a réalisé une visite de 15 jours sur l’île-continent, à l’invitation de Canberra, pour évaluer les progrès effectués depuis 2009.
“En voyageant, j’ai réalisé que le niveau de racisme contre les aborigènes et les indigènes du Détroit de Torrès était profondément troublant”, a-t-elle estimé. “Cela se manifeste de diverses façons, qui vont du fait de les présenter comme des criminels violents, des profiteurs de la sécurité sociale ou des parents indignes, à la discrimination devant la justice.”
La Philippine s’est penchée sur les mesures prises pour réduire les inégalités, améliorer les conditions de détention, les questions foncières ou les violences faites aux femmes.
Le gouvernement publie depuis 2009 un rapport annuel intitulé “Combler l’écart” (“Closing the gap”) dont la dernière livraison en février a de nouveau montré l’échec des efforts du pays pour réduire les inégalités touchant les aborigènes, pointant notamment les chiffres toujours alarmants de mortalité infantile ou d’espérance de vie.
Le Premier ministre Malcolm Turnbull avait alors reconnu que les progrès étaient insuffisants, tenant le même discours d’impuissance qu’un an plus tôt lors du précédent rapport.
Dans un communiqué, Victoria Tauli-Corpuz a dénoncé un manque de consultation des organismes aborigènes impliqués dans l’aide sociale aux populations indigènes et estimé que le Congrès national des peuples premiers d’Australie était “lamentablement méprisé par le gouvernement”. “L’Australie a adopté de nombreuses mesures destinées à répondre aux désavantages socio-économiques que subissent les aborigènes et les indigènes du Détroit de Torrès, mais l’incapacité à respecter les droits à l’autodétermination et à l’inclusion est alarmante”, ajoute-t-elle.
Déplorant le fait que les associations aborigènes soient sous financées ou voient leurs subventions fondre, elle s’est alarmée du taux de suicide chez les jeunes aborigènes. Elle a également rappelé le chiffre “incroyable” du taux d’incarcération des aborigènes et indigènes du Détroit de Torrès qui, s’ils ne représentent que 3% de la population australienne, constituent 27% de sa population carcérale.