Attentat à Nice – Un an après, l'enquête présentée aux victimes

Les trois magistrats parisiens supervisant l’enquête sur l’attentat de Nice, en juillet 2016, ont fait le point mardi avec les victimes dans une ambiance alourdie par des questions concernant les mesures de sécurité déployées le soir de l’attaque dans cette ville de la Riviera française. Couverte par le secret de l’instruction et organisée à l’abri des médias, la réunion a duré quatre bonnes heures avec environ 300 participants – victimes, proches et avocats – massés dans un amphithéâtre universitaire.
L’un des objectifs était de présenter tout ce qui se trouve dans le dossier concernant l’auteur de l’attentat, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, 31 ans.
Ce dernier, en moins de trois minutes, avait fait 86 morts de 19 nationalités différentes et plus de 450 blessés en fonçant avec un camion sur les spectateurs du feu d’artifice tiré près de la Promenade des Anglais le 14 juillet, au soir de la fête nationale.
Une des énigmes du dossier concerne ses éventuels contacts avec l’organisation État islamique, qui a revendiqué l’attentat 36 heures après.
“A ce jour, aucun lien n’a été établi et en particulier, il n’y a pas eu d’allégeance. Mais prudence, les investigations vont se continuer”, a commenté Philippe Soussi, avocat d’Ali Charrihi qui a perdu sa mère dans l’attentat.
Ali Charrihi a salué le travail “énorme” des juges.
Un exposé “intéressant, complet et assez long, qui permet aux victimes d’avoir un peu d’espoir que le dossier aura une suite”, a commenté de son côté Gérard Chemla, avocat d’une soixantaine de parties civiles.
Mais certains, comme Stéphanie, 46 ans, ont estimé être venus “pour rien”. “Les seules questions que les gens posent et qui reviennent c’est sur la sécurité, et sur ça, ils ne peuvent pas le dire, ça n’a rien à voir avec leur instruction”, a regretté cette femme, blessée dans l’attentat.
“Il y a une grosse rancoeur sur le sujet (de la sécurité) et beaucoup de questions ont été posées sur la responsabilité de la ville de Nice”, a également observé Me Antoine Casubolo, avocat de l’association française des victimes du terrorisme (AFVT).
Après l’attentat, le gouvernement socialiste de l’époque avait été sous le feu d’attaques d’élus locaux de droite notamment qui avaient dénoncé des mesures de sécurité insuffisantes. Une enquête de la “police des polices” française a conclu que le dispositif de sécurité sur la Promenade des Anglais “n’était pas sous-dimensionné”.