Attentat à Nice – Frappée par les attentats, la France en voie de faire durer l'état d'urgence

Cinq jours après l’attentat de Nice, l’état d’urgence devrait à nouveau être prolongé cette semaine en France, dans un climat politique envenimé, à neuf mois de la prochaine élection présidentielle, par des accusations de l’opposition de laxisme dans la lutte antiterroriste. Quitte à être une nouvelle fois qualifié de “fataliste” par ses détracteurs, le Premier ministre socialiste Manuel Valls a averti que la France devait s’attendre à d'”autres attentats” et d'”autres innocents tués” dans une allocution mardi soir devant les députés. “Nous devons, non pas nous habituer – jamais – mais apprendre à vivre avec cette menace. A vivre avec elle et à la combattre”, a-t-il dit.
Comme le réclamait une partie de la droite, la prolongation de l’état d’urgence, présentée comme une “réponse puissante” au terrorisme par M. Valls, devrait être portée à six mois (jusqu’à fin janvier 2017) d’après le texte adopté dans l’après-midi par les députés en commission. Le gouvernement l’avait prévue à l’origine pour une durée de trois mois.
Ce régime qui facilite les perquisitions et les assignations à résidence est en vigueur depuis les attaques djihadistes du 13 novembre à Paris. C’est la première fois depuis la guerre d’Algérie (1954-1962), quand ce régime d’exception avait prévalu pendant près de huit mois, que l’état d’urgence dure si longtemps en France.
“Les terroristes veulent nous diviser, nous séparer, nous monter les uns contre les autres”, déclaré mardi le président socialiste François Hollande pendant une visite au Portugal. “Il y a un devoir qui m’anime : que nous soyons unis, rassemblés, capables de réagir comme il convient avec la force nécessaire”, a-t-il ajouté.
Le parti Les Républicains de l’ex-président Nicolas Sarkozy est favorable à la prolongation de l’état d’urgence mais a posé ses conditions : au moins six mois de plus et un durcissement des mesures coercitives prévues dans ce cadre.
Manuel Valls a rejeté mardi avec force toute idée d’instaurer une “législation d’exception”, plaidant pour que la France reste un Etat de droit.