Après le massacre de Dacca, l'industrie textile du Bangladesh craint pour son avenir

La tuerie djihadiste perpétrée dans un café huppé de Dacca sème la crainte d’une fragilisation de l’industrie textile du Bangladesh, secteur clé de l’économie qui approvisionne en vêtements bon marché les grandes marques mondiales d’habillement. Des hommes armés ont pris d’assaut le Holey Artisan Bakery, situé dans le quartier diplomatique de Dacca, et tué 20 clients pour la plupart étrangers et à coups de machettes, une attaque visant largement la petite communauté expatriée. “Cette attaque va détourner les étrangers” du Bangladesh, craint Faruque Hassan, vice-président de l’association des fabricants et exportateurs d’habillement du Bangladesh, qui représente 4.500 fabricants de vêtements.

“L’impact de cette attaque va être très préjudiciable pour le secteur. Nous sommes extrêmement inquiets”, a ajouté Hassan, dont le groupe Giant Group fournit des vêtements à des chaînes de distribution comme Marks&Spencer et Next. L’économie du Bangladesh, deuxième exportateur mondial de textile derrière la Chine, est largement portée par les exportations de textile qui représentent 80% des biens exportés chaque année. Le secteur emploie plus de quatre millions de personnes, essentiellement des femmes pauvres venant d’un milieu rural.

La chaine suédoise H&M, qui s’approvisionne largement au Bangladesh, est “profondément attristée” par le carnage, a dit une porte-parole Ulrica Bogh Lind. “Nous suivons attentivement la situation à Dacca”, a-t-elle déclaré. Le Bangladesh risque de souffrir des mêmes maux que son rival, le Pakistan, juge Ahsan Mansur, ancien représentant du Fonds monétaire international à Islamabad.

“J’ai assisté au déclin d’une économie prometteuse devenue un point chaud du terrorisme”, dit M. Mansur. “Que le Bangladesh soit perçu comme un carrefour potentiel pour le terrorisme peut sérieusement nuire au potentiel de nos exportations et à nos perspectives de croissance”, estime-t-il. Les exportations d’habillement ont progressé de 10% sur 12 mois clos fin juin, à 27,3 milliards de dollars.