Amnesty dénonce une multiplication des "disparitions forcées" en Égypte depuis début 2015

Amnesty International dénonce la multiplication des enlèvements et tortures d’opposants en Égypte depuis la nomination de Magdy Abd el Ghaffar au poste de ministre de l’Intérieur, en mars 2015. Dans un rapport publié mercredi, l’ONG estime que des centaines de personnes sont forcées de disparaître, maintenues en détention secrète pendant plusieurs jours ou mois. Elle ajoute que trois ou quatre personnes en moyenne sont capturées tous les jours, selon les données des ONG locales. L’Agence nationale de sécurité égyptienne (NSA) recourt à des disparitions forcées pour réprimer l’opposition, affirme Amnesty International. Dans son rapport, elle met en lumière le cas de 17 personnes maintenues en détention pendant plusieurs jours ou mois, sans aucune supervision d’une instance judiciaire indépendante. Elles ont été privées de tout lien avec l’extérieur et n’ont pu avoir aucun contact avec leur famille ou leurs avocats.
Amnesty International ajoute que des actes de torture ont été infligés lors d’interrogatoires parfois longs de sept heures. Parmi les victimes recensées se trouvent cinq mineurs. Leur disparition a parfois duré jusqu’à 50 jours.
“Ce rapport expose au grand jour les méthodes que les autorités égyptiennes sont prêtes à employer pour terrifier et réduire au silence les protestataires et les dissidents”, déclare Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-­Orient pour Amnesty International. “Les autorités égyptiennes nient régulièrement (ces pratiques), mais les cas exposés dans ce rapport prouvent clairement le contraire”, ajoute-t-il.
Amnesty International demande notamment au président égyptien Abd el Fattah al Sissi de mettre en place “de toute urgence une commission d’enquête indépendante chargée d’examiner les allégations (des) mauvais traitements infligés à des détenus par la NSA et d’autres services, et habilitée à enquêter sur tous les organes gouvernementaux, y compris l’armée, sans interférence”.