"American Honey": le road trip d'une Anglaise au pays de la sous-culture américaine

Pour “American Honey”, son premier film tourné aux Etats-Unis, l’Anglaise Andrea Arnold plonge dans l’Amérique profonde avec une bande de jeunes déclassés: un road movie déjanté plein d’énergie et de poésie mais gâché par des longueurs. “American Honey”, en salles mercredi, a été récompensé par le prix du Jury au dernier Festival de Cannes, prix que la réalisatrice avait déjà remporté pour “Red Road” en 2006 et “Fish Tank” en 2009.

Dans ce film de 2H40, elle met en scène une petite troupe un peu foldingue, qui écume le Midwest pour vendre des abonnements à des magazines.

Ces petits groupes de vendeurs, exploités par des sociétés obscures pour faire du porte à porte et soutirer de l’argent à des clients attendris par des histoires tristes ou sordides, le plus souvent inventées, existent réellement aux Etats-Unis.

L’étude sociologique d'”American Honey” se double d’une histoire d’amour qui donne un peu de légèreté au film, tourné dans une Amérique sans grâce et désenchantée.

Elle met face à face le plus performant des vendeurs, Jake, joué par Shia LaBeouf – l’un des rares professionels du casting majoritairement amateur – et Star (Sasha Lane), en rupture avec sa famille.

C’est elle, l’étoile, jeune femme lumineuse que la réalisatrice a rencontrée sur une plage peu avant le tournage, qui porte le film sur ses épaules. L’actrice Riley Keough, petite fille d’Elvis Presley, y fait aussi une prestation remarquée en chef de bande despotique.

Voyageant en car d’un motel miteux à l’autre, ces marginaux représentent “une sorte de sous-culture”, avait expliqué à Cannes la cinéaste (55 ans).

“Ils essayent de trouver leur rêve américain à eux, ils travaillent dur pour gagner leur vie, ils travaillent dur pour se vendre eux-mêmes, ce qui est la raison d’être du capitalisme n’est-ce pas ?”, avait-elle lancé.

“Le film est un mélange de ce que j’ai connu par Hollywood, les prairies, les cowboys… et l’Amérique d’aujourd’hui découverte par mes voyages”, a expliqué la réalisatrice.

Après avoir parcouru plusieurs Etats américains et rencontré ces équipes de vendeurs pour se documenter, elle s’est dite “choquée” par la pauvreté, la présence de la drogue “partout où l’on va” et en particulier la prescription banalisée d’antidépresseurs pour une jeunesse qui n’a rien de dorée.