Albanie: trois élus déchus de leur mandat en raison de leur passé criminel

Trois élus albanais ont été déchus jeudi de leurs mandats en raison de leur passé criminel, une décision inédite qui répond aux exigences de l’Union européenne envers Tirana, a annoncé la commission centrale électorale. Une loi dite de décriminalisation de la classe politique albanaise a été adoptée l’année dernière. Elle interdit l’accès à toute fonction publique de personnes ayant un passé criminel ou impliquées dans des affaires de corruption. C’est la première fois que de telles décisions sont prises. La décision de la commission centrale électorale concerne deux députés, Dashamir Tahiri (Parti démocratique, opposition de droite) et Shkelqim Selami (Mouvement socialiste d’intégration, coalition de gauche au pouvoir), ainsi qu’un maire de la majorité socialiste, Elvis Roshi. Il leur a été reproché d’avoir menti sur leur passé judiciaire en Italie. Tous trois nient les faits qui leur sont reprochés.
Selon le parquet de Tirana, Dashamir Tahiri “a été dénoncé par la police italienne pour falsification de monnaie et condamné à de la prison en 2009 par un tribunal italien pour usage de faux permis de conduire”. “Il n’a pas purgé la peine car il avait quitté déjà l’Italie”.
Shkelqim Selami a été “accusé en 1994 par un tribunal italien de trafic d’être humain”, selon la même source qui ne précise pas s’il a été condamné.
Quant à Elvis Roshi, le maire socialiste de Kavaja (centre), il a été “condamné en 1995 pour un viol collectif alors qu’il avait seize ans, mais étant mineur il a été expulsé”. “Il a été également interpellé en 1993 lors d’un séjour en Suisse, dans une affaire de drogue, avant d’être expulsé vers l’Albanie”, détaille le parquet qui ne précise pas les suites judiciaires de cette affaire.
“La décision de la commission centrale électorale de déchoir les trois élus de leur mandat est un message clair et rigoureux que la loi sur la décriminalisation doit être appliquée à n’importe quel prix”, s’est félicité le ministre de la Justice, Ylli Manjani.
L’ambassade des Etats-Unis a salué “une victoire du peuple albanais et un avertissement aux criminels qui envisageraient de se présenter aux élections législatives du 18 juin”.
Dans son récent rapport sur l’Albanie, la Commission européenne avait prévenu Tirana que “la lutte contre le crime organisé et la corruption ainsi que des réformes en profondeur du système judiciaire” sont “une étape indispensable pour la poursuite du processus d’intégration de l’Albanie à l’Union Européenne”.