Adhésion à l'UE: Bruxelles lance une mise en garde à Ankara

Le commissaire européen à l’Elargissement, Johannes Hahn, a implicitement mis en garde la Turquie contre un gel des négociations d’adhésion du pays à l’UE si les poursuites contre les putschistes ne se font pas dans le respect de l’Etat de droit. “Même si je suis d’avis qu’après la tentative de putsch les mesures prises sont disproportionnées, j’ai besoin de (voir) comment ces gens sont traités”, a déclaré M. Hahn au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. “Si le moindre doute demeure que (leur traitement) n’est pas correct, des conséquences seront inévitables”, a-t-il mis en garde, allusion implicite au processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, lancé en 2005, et qui avance depuis à la vitesse de l’escargot. Interrogé sur le fait de savoir si une poursuite des discussions sur une adhésion de la Turquie font encore sens aujourd’hui, le commissaire répond: “C’est une question légitime que je me pose très souvent, pour ne pas dire quotidiennement”.

Depuis le coup d’Etat, près de 16.000 personnes ont été placées en garde à vue et des purges engagées dans l’armée, la justice, l’enseignement et les médias, une répression qui suscite de vives critiques en Europe et aux Etats-Unis. M. Hahn a dans le même temps salué l’accord passé entre l’UE et la Turquie en mars, qui a “stoppé la vague de réfugiés” en route vers l’Europe de l’ouest. “Aujourd’hui, il s’agit d’aider la Turquie à supporter la charge financière que représentent les trois millions de réfugiés” présents sur son sol, a-t-il ajouté.

Le 23 juillet, le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, avait déclaré que le putsch manqué n’avait eu aucune conséquence sur ce pacte: “Nous avons continué à tranquillement mettre en oeuvre l’accord”. “Cela montre à quel point la démocratie turque est solide”, avait alors assuré le ministre.