A Milan plus qu'ailleurs, les défilés de mode sont aussi dans la rue

Une pluie battante ? Pas d’invitation ? Peu importe: pendant la semaine des défilés à Milan, le monde de la mode fourmille aussi d’idées et d’aspirants stars dans les rues. Pour Cyprien Richiardi, l’entrée du défilé Giorgio Armani, en cette froide journée mouillée d’une bruine persistante, reste un rendez-vous immanquable, même sans le précieux sésame.
“Quand la mode est là, il faut être sur place. Même s’il pleut, il faut être là”, explique-t-il rapidement à l’AFP avant de retourner se pavaner devant une armée de paparazzi.
Avec son manteau de style militaire, ses bottes-baskets dorées et son noeud papillon dandy, il n’a pas vraiment de mal à attirer les flashes.
Alors que les défilés improvisés aux portes de ceux réglés au millimètre sur les podiums des grandes maisons prennent de plus en plus d’importance aux yeux des spécialistes comme des médias généralistes, le jeu est avant tout de se faire remarquer.
Pour certains, c’est tout ce qui compte. D’autres, comme Cyprien Richiardi, ont des blogs de mode à promouvoir. Beaucoup enfin rêvent de trouver le tremplin qui les propulsera à l’intérieur, au coeur d’un monde qui s’inspire toujours de la rue.
Les stylistes reconnaissent volontiers se pencher sur les milliers de photos prises lors de chaque semaine de la mode pour tenter de repérer comment leurs créations sont interprétées et adaptées par ce petit groupe plus branché que leur riche clientèle habituelle.
“Il ne s’agit pas seulement de publicité”, confirme Cyprien Richiardi. “Il y a un besoin important de rencontrer des gens et de tisser son réseau. La plupart du temps, on fait ses relations publiques sur internet, mais là vous pouvez le faire dans la rue”.
Ces rendez-vous d’apparence si narcissique peuvent en effet se transformer en une véritable carrière, comme l’illustre Elisa Bersani, une bloggueuse de Bologne.
“J’ai commencé mon blog il y a cinq ans, juste pour le plaisir”, raconte-t-elle. “Maintenant c’est devenu un boulot. C’est très important de rester à la page et de trouver du nouveau pour les gens qui me suivent”.
A mesure que l’influence de son blog augmentait, elle a pu travailler sur des événements ou des lancements avec des maisons de couture.
“Cela m’a permis de combiner plusieurs de mes passions: la technologie, la photographie, la mode, sans oublier le fait que j’ai étudié la communication et le marketing”, explique la jeune femme, qui rêve au final de créer des chaussures.
Ivan Liu, journaliste pour Me, un magazine basé à Hong-Kong, a bien une invitation pour le défilé Armani, mais lui aussi est arrivé en avance pour ne pas manquer cette partie improvisée du spectacle.
“Mon magazine s’intéresse plutôt aux défilés officiels, mais je préfère le style de la rue”, explique-t-il. “A New York et à Londres, c’est plus pour jouer, ici c’est plus classique. Les gens sont naturellement très élégants, et ils portent beaucoup de fourrure, j’adore”.
Pour Richiardi aussi, le caractère unique du style de rue à Milan vient du fait que la mode fait partie de l’ADN de la ville d’une manière qui ne se retrouve nulle part ailleurs.
“C’est très élégant ici, clairement plus qu’à Paris. Le goût italien reste toujours le goût italien”, estime-t-il. “Ils ont ce petit plus par rapport aux autres pays”.
Photographe pour l’agence de mode new-yorkaise Runway, Michael Ip confirme l’accent mis à Milan sur ce qui se passe dehors.
“A New York, je travaille principalement sur les coulisses et les podiums”, explique-t-il. “A Milan, l’agence me demande de faire plus de rue. J’imagine que