A la pleine lune, la fête reprend ses droits en Thaïlande

Les couleurs fluorescentes ont de nouveau envahi l’île de Koh Phangan. La mort du roi en octobre avait jeté un voile sur la “Full moon party”, rituel vieux de 30 ans, qui a largement contribué à la réputation festive de la Thaïlande. Pour de nombreux jeunes ravers de cette petite île du sud du pays, les origines de cette immense fête sont aussi brumeuses que leurs souvenirs de la plage au petit matin. Mais Sutti Kursakul, originaire de l’île, prétend non seulement avoir participé à cette première nuit de débauche, mais aussi en être à l’origine. “J’ai organisé la première fête de la pleine lune en 1988. C’était une soirée d’adieu pour un ami australien”, explique-t-il au milieu des touristes qui entrent et sortent de son bar, portés par le son des basses. En quelques années, cette petite fête de la pleine lune s’est transformée en un événement mondialement connu.

Jusqu’à 30.000 personnes, en majorité des jeunes voyageurs occidentaux, descendent chaque mois sur la plage de Haad Rin pour danser, draguer, se noyer dans l’alcool et les drogues, et éventuellement sauter au milieu de cerceaux en feu. Aujourd’hui l’électro a remplacé la musique psychédélique des années 1990, et des dizaines de tatoueurs et de spécialistes du boby painting sont venus se mêler aux vendeurs de seaux d’alcool et aux petites cliniques, qui prennent en charge les blessés. Malgré des années très mouvementées sur le plan politique – manifestations violentes dans les rues de Bangkok, coups d’Etat -, cette fête a toujours continué à faire le plein sur la petite île de Koh Phangan dans le golfe de Thaïlande.

Sauf en octobre et novembre derniers après la mort du roi Bhumibol, quand la plupart des activités festives avaient été interrompues pour la période de deuil. Une courte parenthèse car le tourisme est une manne financière primordiale dans un contexte économique atone. Le pays va de nouveau battre son record de fréquentation: il aura accueilli en 2016 plus de 30 millions de touristes, ce qui devrait générer plus de 68,5 milliards de dollars de revenus et représenter près de 17% de l’économie. Au fil des années, cette immense fête a souvent été présentée sous un jour peu glorieux: excès de drogues, d’alcool…

Certains ravers de la vieille école estiment que la notoriété et l’aspect commercial qui s’est développé ont transformé l’événement. Mais pour Sutti, l’esprit est toujours le même. “Rien n’a changé. Il y a simplement plus de monde”, estime-t-il, soulignant que les fêtards sont une source de revenus importants pour les habitants. Aujourd’hui les autorités touristiques thaïlandaises misent de plus en plus sur des visiteurs à plus gros budgets. Sans toutefois faire fuir les petits budgets. Ces événements “sont très populaires”, explique Chattan Kunjara Na Ayudhya, de l’Autorité du tourisme de Thaïlande (TAT), qui estime que les voyageurs aux budgets serrés restent très importants pour le secteur touristique. Et pour les attirer, pas forcément besoin de dépenser beaucoup en terme de publicité: “Dans notre monde des réseaux sociaux, ils bougent beaucoup, ils partagent ce qu’ils voient”.

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26 décembre 2016 - 11h00