Yvan Mayeur : sa vie, sa carrière, ses combats

BELGIUM POLITICS MEETING MAYORS PARIS AND BRUSSELSYvan Mayeur, qui a adressé vendredi une lettre de démission au comité de vigilance du PS, s’était défait de ses fonctions de bourgmestre à la Ville de Bruxelles au début du mois. Les secousses provoquées par les informations sur la gestion du Samusocial et l’attribution de jetons de présence au sein de cette association d’aide aux sans-abri de la capitale l’ont emporté.

Comme bourgmestre, il avait succédé le 13 décembre 2013 à Freddy Thielemans, en vertu d’un accord antérieur interne à la section PS de la Ville où il avait été préféré à Philippe Close, qui se prépare désormais à ceindre l’écharpe maïorale.

Âgé de 57 ans, cet assistant social de formation a fait ses premiers pas dans la vie à Etterbeek. Il a grandi dans les Marolles et fait de longue date partie des murs à la Ville de Bruxelles, où il a occupé la fonction de président du CPAS entre 1996 et 2013.

Jusqu’à son accession au maïorat, en décembre 2013, c’est dans cette fonction, comme dans celle de député fédéral, qu’il a imprimé sa marque de fabrique en politique: le combat pour plus de justice sociale, presque au sens propre et en tout cas au sens figuré. Il y a notamment largement contribué à diversifier le champ d’action sociale d’une commune confrontée de plein fouet à la dualisation croissante de la société.

Son arrivée à la tête du CPAS de Bruxelles en 1995 a coïncidé avec la mise en place d’un vaste plan de restructuration des finances des hôpitaux bruxellois, dont le déficit atteignait une profondeur presque abyssale. Y figurait notamment l’hôpital Saint-Pierre qu’il a longtemps présidé.

Sous sa férule, la modernisation de la gestion de cette entité hospitalière a eu pour corollaire celle du CPAS de la Ville dont le rayon d’action social, notamment dans le domaine de l’emploi et du logement, s’est amplifié. Le CPAS est ainsi devenu un pilier du plan communal de création de quelque 2.000 nouveaux logements, une initiative sans équivalent dans les pouvoirs publics communaux.

Ce choix lui a parfois été reproché par certains conseillers communaux. Lui-même l’a assumé ouvertement, jugeant que le patrimoine immobilier de cette institution permettait d’y poursuivre ses objectifs sociaux en pesant à la baisse sur les prix du marché locatif. A plusieurs reprises, M. Mayeur s’est plu à rappeler que la commune centrale de la capitale hébergeait des couches sociales défavorisées dont d’autres ne voulaient pas forcément assumer la présence.

C’est sous son impulsion aussi, et dans ce contexte, qu’a été créé le Samusocial, au centre d’une première polémique en 2013, puis encore ces dernières semaines. L’expertise de cette association sur le terrain est reconnue, y compris par ceux qui jettent un regard très critique sur sa gestion et sur les indemnités perçues par ses administrateurs et membres du bureau, aux rangs desquels M. Mayeur et Pascale Peraïta, présidente démissionnaire du CPAS de Bruxelles.

C’est à ce titre que cette ASBL a jusqu’à présent toujours bénéficié de subsides à la fois régionaux et fédéraux pour organiser l’accueil d’urgence de centaines de SDF durant l’hiver.

Durant sa carrière, Yvan Mayeur a encore occupé la présidence d’Iris, la structure faîtière des hôpitaux publics de la capitale, de 2005 à 2008. Yvan Mayeur a également été député fédéral de 1989 à 1995 et de 1999 à 2014. A la Chambre, il a présidé la Commission de la Santé publique, de l’Intégration sociale et de la Commission des Affaires sociales.

Depuis 2014, il est président de Vivaqua, la principale entreprise publique bruxelloise (intercommunale) de production et distribution d’eau potable, en charge également de l’assainissement des eaux usées.

Pratiquant régulièrement le sport durant ses périodes de temps libre, l’ex-bourgmestre de Bruxelles avait adopté un style qui tranchait singulièrement avec celui, plus rond, de son prédécesseur.

Son tempérament vif, plutôt de la trempe des puncheurs en politique, n’a laissé personne indifférent ni avant, ni pendant son mandat à la tête de la Ville et au sein du PS.

Il s’était illustré d’emblée, à l’aube de son entrée en fonction comme bourgmestre, par l’annonce de son intention de créer une zone piétonne sur les boulevards du centre de Bruxelles. Cette volonté s’est concrétisées à l’été 2015, par un aménagement provisoire, mais dont la transformation physique a pris du retard en raison de recours d’opposants au projet.

(Belga)