Les tests de situation seront autorisés à partir de janvier en Région bruxelloise

Le parlement bruxellois se prépare à donner vendredi vers 18h son feu vert à une large majorité au projet d’ordonnance destiné à lutter contre la discrimination à l’embauche. Le débat à ce sujet vendredi matin n’a laissé planer aucune ambigüité sur le résultat attendu.

L’ordonnance autorisera à partir de janvier prochain les inspecteurs régionaux à procéder à des tests de situation par l’envoi de deux CV identiques, à l’exception du critère que l’on veut tester et à recourir à la technique du “mystery shopping” (faux client, faux demandeur d’emploi) s’il existe de fortes présomptions de pratiques discriminantes au sein d’une entreprise.

Des avis partagés

Dans l’opposition, les écologistes avaient ferraillé activement sur ce dossier en déposant une proposition de résolution dans ce sens en juillet 2015, alors qu’un certain scepticisme régnait sur le sujet dans une partie de la majorité. Ils se sont réjouis du soutien en faveur de ce projet défendu par le ministre de l’Economie, Didier Gosuin (DéFI), plutôt méfiant au départ, mais gagné notamment par l’analyse du Conseil d’Etat.

Celui-ci a jugé que Bruxelles s’inscrivait ainsi dans “un combat d’avant-garde salutaire qui participe à renforcer la cohésion sociale et le vivre-ensemble“.

Une discrimination en augmentation

Le projet d’ordonnance part d’un constat: le taux d’emploi des personnes d’origine belge (71%) est bien plus élevé que celui des personnes originaires d’autres pays européens et du Moyen-Orient (inférieur à 35%). Il constitue une des dix mesures du plan adopté l’hiver dernier par le gouvernement bruxellois pour lutter contre les discriminations à l’embauche dans la Région-capitale. D’autres mesures portent sur des incitants notamment en faveur de la diversité dans les entreprises.

Pour la cheffe du groupe Ecolo, Zoé Genot, ce texte constitue un “excellent signal” dans le prolongement des auditions de professeurs de droit et de constitutionnalistes obtenues avec l’appui d’une mobilisation citoyenne.

Marion Lemesre (MR) a jugé que la majorité jouait les cavaliers seuls face à la Wallonie et à la Flandre et créait un lourd climat de stigmatisation des employeurs dénoncé par ailleurs par l’Union des Classes Moyennes. Le libéral flamand Stefan Cornelis (Open Vld – majorité) a quant à lui jugé qu’il faudrait évaluer régulièrement le dispositif. Pour Cieltje Van Achter (N-VA), la lutte contre la discrimination ne se règle pas par des sanctions, mais par un changement de mentalité.

avec Belga

  • Reportage de Catarina Letor et Nicolas Scheenaert