Manifestation de centaines d’étudiants en médecine qui réclament 1 solution pour la double cohorte

Des centaines d’étudiants sont attendus vendredi après-midi à Bruxelles pour manifester devant le cabinet de la ministre fédérale de la Santé publique, Maggie De Block (Open Vld). Sept organisations étudiantes ont lancé cet appel, inquiètes du manque de places de stage de qualité pour les étudiants en médecine issus de la “double cohorte”. Deux promotions vont en effet être diplômées en 2018, à la suite de la réduction de la durée de ces études de 7 à 6 ans.

Après la formation de base en médecine, réduite de sept à six ans en 2012, les étudiants choisissent une spécialisation, qui peut durer jusqu’à six ans. Pour 2018, un nombre plus conséquent de places et de maîtres de stage sera nécessaire, la dernière promotion ayant fait ses études en 7 ans et la première en 6 ans étant diplômées la même année.

Près de 2.000 étudiants sont concernés, 980 à l’Université catholique de Louvain (UCL), entre 400 et 450 à l’Université de Liège (ULg) et un nombre similaire à l’Université libre de Bruxelles (ULB), selon Vicron Mickelet, étudiant administrateur de la faculté de médecine de l’ULB.

En décembre 2016, une note de la cellule planification de l’offre des professions de soins de santé du SPF Santé publique estimait le déficit de places de stage, dû à cette double cohorte, à 1.505 en Belgique, dont 444 en Communauté flamande et 1.061 en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette estimation implique que les stagiaires n’ayant pas obtenu une place dans la spécialité de leur choix se dirigent vers une autre spécialité ayant encore des places, souligne la note. Si tel n’était pas le cas, le déficit serait plus élevé.

Sur les 29 spécialités répertoriées dans le cadre de cette projection, 19 seraient déficitaires en termes de places de stage en 2018 en Communauté flamande et 20 en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les francophones semblent donc les premiers impactés par la double cohorte, le nombre d’étudiants au sud du pays étant “trois fois plus élevé” qu’en Flandre vu l’absence de sélection, relevait Mme De Block en juin dernier. Elle avait alors indiqué que 10 millions d’euros avaient été mis de côté pour financer l’organisation de stages supplémentaires mais qu’elle entrevoyait “un problème très difficile” pour offrir un stage de qualité à tous les étudiants de la double cohorte, “surtout du côté francophone“.

La situation est connue depuis six ans au moins, soulignent les organisations étudiantes. Et pourtant, elles constatent qu’aucune solution n’a encore été dégagée. Elles s’inquiètent que les étudiants soient dans l’impossibilité de poursuivre leurs études ou que leur formation soit de moindre qualité, à cause d’un manque de moyens financiers et de maîtres de stages.

Ce surplus d’étudiants ponctuel pourrait être une aubaine pour combler les effets de la pénurie mais on constate que par un manque de moyens financiers et de volonté politique, ils seront empêchés de poursuivre leur formation“, souligne Maxime Mori, président de la Fédération des étudiants francophones (Fef).

Excepté quelques mesures irréalistes ou indésirables, (…) telles que la formation à mi-temps ou la suppression des six mois de stage hospitalier pour les médecins généralistes, elle (la ministre de la Santé, ndlr) n’a pas cherché plus loin“, s’indigne dans un communiqué l’Association belge des syndicats médicaux (Absym), qui soutient la manifestation. “Parmi les étudiants qui seront diplômés l’année prochaine, un médecin sur deux ne pourra prétendre à une place de stage“, déplore-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que cette situation est dénoncée. En mars dernier, les doyens des facultés de médecine de l’UCL, de l’ULB et de l’ULg exprimaient leur inquiétude par rapport à l’absence de financement, fédéral et communautaire, pour gérer l’impact de la double cohorte. Fin mars, plus de 200 étudiants manifestaient déjà devant le cabinet de Mme De Block pour demander la garantie de l’ouverture de places de stage, tout en maintenant la qualité de la formation.

Le Bureau des étudiants administrateurs de l’ULB, le Bureau étudiant de la faculté de médecine de l’ULB, l’Assemblée générale des étudiants de Louvain, l’Assemblée générale des étudiants de Woluwé, la Fédération des étudiants de l’ULg, la Fédération des étudiants francophones (Fef) et le Comité universitaire des étudiants en médecine (Cium) s’attendent à une mobilisation monstre ce vendredi, Vicron Mickelet espérant même jusqu’à 900 manifestants.

Une augmentation des places de formation et un maintien de sa qualité, une place d’assistanat pour chaque diplômé en 2018, une révision des critères de maîtres de stages, le maintien de la formation de médecine générale en trois ans, une augmentation des bourses de recherche et un financement suffisant des hôpitaux et de tous les lieux de stage sont réclamés.

Le cortège partira à 14h00 de la gare de Bruxelles-Central vers la tour des Finances, siège du cabinet de Mme De Block, où il devrait arriver vers 14h30.

Belga

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20 octobre 2017 - 06h57
Modifié le 20 octobre 2017 - 08h30